Vendredi, 04 Octobre 2013 14:47

Il est difficile de voir dans les dernières déclarations de Dilou sur l'ouverture des archives de la police politique, autre chose qu’une tentative de diversion, une soupape pour faire baisser la pression. Car manifestement, ni le pouvoir, ni même l’opposition ne tiennent à l’ouverture de la boîte de Pandore.

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Après avoir été tue pendant près d’une année par les autorités nahdhaouies, voici que la question des archives de la police politique revient sur le tapis. Samir Dilou, ministre des Droits de l’homme et de la justice transitionnelle a en effet évoqué le sujet, ce jeudi 3 octobre, dans un contexte marqué par les révélations fracassantes de Taieb Laaguili, sur l’assassinat du martyr Chokri Belaid.

Le timing choisi ne contribuera pas à rendre les propos de Dilou plus crédible. D’autant plus qu’il y a à peine deux jours, le ministre se prononçait clairement, dans un entretien publié le 1er octobre par le journal «Akher Khabar»,  contre l’ouverture de ce dossier brûlant, arguant du fait que cela risquerait de «compliquer davantage la situation en Tunisie». Et voici que l’ex-porte-parole attitré du gouvernement prétend apporter de nouvelles réponses à une question à laquelle il a déjà répondue, et de manière catégorique, dans le sillage de ses collègues du parti de Ghannouchi.

Ainsi, Ali Laâridh a affirmé, dès le 19 septembre 2012,  «je ne veux pas m'aventurer à ouvrir ce dossier, en ce moment sensible que vit le pays». Une position à plusieurs reprises confortées et défendues becs et ongles par l’actuel chef du gouvernement, depuis qu’il était ministre de l’Intérieur. Un mois plus tard, plus précisément le 20 octobre 2012, Laâridh s’exclamera à l’Assemblée Nationale Constituante (ANC), «je n’ai pas accepté ces responsabilités pour étaler des scandales sur la place publique». Comme s’il valait mieux que les «scandales» en question soient étouffés, ou, à défaut, de servir de monnaie d’échange dans des négociations menées en toute discrétion.

Or Dilou et Laâridh ne sont pas les seuls, à Ennahdha à avoir pris position contre l’ouverture des archives de la police politique. Lotfi Zitoun lui-même, l’initiateur de la campagne «Ekbess», s’est même permis d’exhorter les Tunisiens «à ne plus évoquer la question, sous prétexte que ces hommes impliqués dans la promotion du régime dictatorial de Ben Ali ont aussi des familles à nourrir».

Dans ce contexte, il est donc difficile de voir dans les dernières déclarations de Dilou, autre chose qu’une tentative de diversion, une soupape pour faire baisser la pression. Car manifestement, ni le pouvoir, ni même l’opposition ne tiennent à l’ouverture de la boîte de Pandore.

Pour rappel, la dernière proposition de loi de la commission de la réforme administrative et de la lutte contre la corruption de l’ANC, qui visait notamment les archives du ministère de l’Intérieur et de la présidence de la République, n’a été signée que par 41 députés sur 217. A croire que l’écrasante majorité de nos élus quelles que soient leur orientation politique, préfèrent laisser les cadavres de la dictature pourrir dans leurs placards. Quitte à empoisonner davantage une atmosphère déjà irrespirable.

Oualid Chine

Les cadavres de la dictature pourrissent dans les placards
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