Mardi, 10 Décembre 2013 22:40

Chronique. Le Haut Conseil d’Etat est la solution, n’en déplaise aux anarchistes qui osent encore préconiser des élections dans ces conditions. Les négociations, les transactions permettront d’épargner aux citoyens l’embarras du choix, et de leur éviter de se tromper si par malheur ils vont voter.

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La Tunisie plurimillénaire a été réduite en poussières d’individus. Le dinar coule, l’économie se noie, le chômage submerge une croissance à sec, et les terroristes menacent les paisibles citoyens d’un bain de sang. La Tunisie parait vivre un déluge de problèmes à côté duquel celui de Noé a des allures de fugace pluie d’été.     

Mais durant ses 3000 ans d’histoire, l’antique Carthage a toujours su puiser dans ses ressources pour hisser un homme providentiel aux fonctions suprêmes et sauver la Nation du naufrage. Béji Caid Essebsi est de ceux là. Il l’a une nouvelle fois prouvé lors de son entretien télévisé le dimanche dernier. Le Haut Conseil d’Etat est la solution, n’en déplaise aux anarchistes qui osent encore préconiser des élections dans ces conditions. Les négociations, les transactions permettront d’épargner aux citoyens l’embarras du choix, et de leur éviter de se tromper si par malheur ils vont voter.

Il s’agira donc de fédérer les énergies et de galvaniser les volontés, en ratissant large pour recruter les compétences adéquates, par delà les frontières idéologiques qui clivent artificiellement le paysage politique. Les enjeux sont clairs désormais. Comment ramener la paix, la sécurité, et ravaler la façade de notre pays pour séduire de nouveau le FMI et les investisseurs étrangers ?

L’image de la Tunisie a largement été écornée depuis que la carte postale du pays du Jasmin a été brûlée un certain 17 décembre 2010. Pour redorer notre blason, personne n’arrivera à la cheville de Borhane Bsaies, dont la scintillante éloquence s’illustrait à merveille dans la défense de l’indéfendable. Et après la malencontreuse fermeture de l’Agence Tunisienne des Communications Extérieures, l’ouverture de l’Office du Haut Conseil de l’Information s’imposera désormais. M. Bsaies y sera certainement plus utile que dans les coulisses d’une chaîne télé.

Sa connaissance de l’économie internationale, des circuits informels et des réseaux de l’importation fait de Chafiq Jarraya le candidat consensuel tout désigné pour diriger le ministère du Commerce. Les Tunisiens bénéficieront en prime de bananes à des prix défiant toute concurrence officielle. De quoi améliorer le s'hour ordinaire, et éloigner définitivement le spectre de l’inflation d’ici le prochain mois de Ramadan.

Mais le pain à lui seul ne suffit pas pour assurer le bien-être des citoyens. Il leur faut aussi des jeux pour les distraire de leur quotidien. C’est pour cela que Slim Chiboub qui a déjà fait ses preuves à la tête de l’Espérance Sportive sera nommé ministre de la Jeunesse et des Sports. Le poste idéal pour un homme qui a déjà prouvé qu’il a d’autres arguments plus convaincants que les réserves à faire valoir pour gagner les matchs. Et dans ce département, Nabil Maâloul saura être un secrétaire d’Etat aussi efficace que discret. A condition toutefois qu’il puisse contrôler ses dérapages sur les plateaux de télévision, et qu’il rompe définitivement avec son employeur qatari.

Reste la lancinante question de l’emploi, et de la répartition des dividendes garantis de la croissance à venir. Et puisque l’heure est à la réconciliation nationale, qui, mieux que Belhassen Trabelsi saura encadrer nos chômeurs diplômés restés à quai depuis la dernière panne de l’ascenseur social ? Si par bonheur, il parvenait à empocher le portefeuille du ministère de la Formation Professionnelle et de l'Emploi, les jeunes Tunisiens apprendront enfin comment s’en sortir, sans passer par la contestation et les brûlures de l’immolation. La recette secrète de la plus fulgurante des ascensions sera, grâce à lui, enfin mise à leur portée.

Encore faut-il que notre jeunesse puisse garder la Foi pour ne pas s’égarer quand l’heure de la prospérité aura sonné. Le cheikh Abdelfattah Mourou, à qui on donnerait le Bon Dieu sans confession, et dont la brillante plaidoirie est parvenue à rendre Hédi Jilani aussi innocent que l’agneau qui vient de naître, mérite de voir ses efforts de modération enfin récompensés. Et qui d’autres saura mieux que lui, prêcher des convertis au saint des saints du ministère des Affaires Religieuses ?   

Reste la sécurité, la pierre angulaire sans laquelle tout l’édifice en chantier menacerait de s’écrouler. Mais là aussi la Tunisie regorge de personnalités qui ont prouvé leurs compétences. En l’occurrence,  la gestion sécuritaire d’Abdallah Kallel a permis à la Tunisie de passer sans trop d’encombres le cap des brûlantes années 90. Et a priori, l’homme qui s’est distingué par le passé par sa poigne de fer, saura jouer sur du velours face à la dérive terroriste. Un candidat tout désigné, donc, pour reprendre les commandes du ministère de l’Intérieur, et inspirer une crainte respectueuse aux détracteurs des forces de l’ordre.

Et si Kamel Letaief parvient à surmonter quelque allergie régionaliste, sa nomination à la tête des services secrets viendra à point nommé pour désengorger les lignes téléphoniques d’un département très occupé. Un choix qui viendrait au bon moment pour rappeler les bonnes manières à des citoyens devenus un tantinet insolents depuis la dernière vague d’agitation désignée hâtivement sous le nom de «Révolution».  

Oualid Chine

Tunisie : Ministres rêvés pour le Haut Conseil d’Etat
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