Mardi, 17 Décembre 2013 02:26

Des centaines de jeunes au parcours brillant, diplômés des plus prestigieuses universités du monde entier ont envoyé spontanément leur candidature au gouvernement. Et ils proposent de mettre leurs compétences et expériences bénévolement au service de la Tunisie.

En à peine quelques heures, les pages dédiées à l’initiative sur les réseaux sociaux ont recruté des milliers de fans. Et voilà que l’événement a même inspiré Z, le plus décapant de nos caricaturistes, qui a dégainé pour l’occasion l’une de ces parodies au vitriol dont il a le secret.

C’est que le moment est particulièrement propice, puisque le chef du gouvernement doit en effet choisir les membres de son équipe durant les prochains jours. Et il faut dire que le buzz a également été porté par l’annonce de la récente nomination d’un jeune de 27 ans au prestigieux poste de ministre des Affaires Etrangères en Autriche. Au moment même où en Tunisie, on négociait âprement les  vestiges respectifs de Mustapha Filali (92 ans), Ahmed Mestiri (88 ans), et de Caid Essebsi (87 ans). Fallait-il pourtant aller jusqu’à Vienne pour dénicher des exemples de flamboyants jeunes ministres ? Certainement pas.

Jeunes leaders du Maghreb
En ce mois d’octobre 2013, le Maroc monarchique a choisi Mamoun Bouhadhoud pour ministre délégué chargé des petites entreprises et de l'intégration du secteur informel. Il n’a que 30 ans. En janvier 2012, Mustapha El Khalfi, n’avait que 38 ans quand il a été désigné ministre de la Communication, et porte-parole du gouvernement.

Avant d’être le plus vieux président qu’ait connu l’Algérie, Abdelaziz Bouteflika a été le ministre le plus jeune de ce pays frère. Il avait été en effet nommé ministre de la Jeunesse et du Tourisme, sous Ben Bella, en septembre 1962, alors qu’il n’avait que 25 ans. Une année plus tard, en 1963, il devient le plus jeune ministre des Affaires étrangères dans le monde, à 26 ans. Pari risqué ? Aventurisme révolutionnaire ?  Il a été élu Président de la 29e Assemblée générale des Nations unies en 1974, à 37 ans. Et c’est sous sa férule que l’Algérie a écrit les plus glorieuses pages de sa diplomatie, puisque le jeune Bouteflika avait fait de son pays  le porte-étendard du Tiers monde.

Et au-delà des réserves que l’on pourrait formuler sur son règne, c’est à 27 ans que le Colonel Khaddafi a balayé la monarchie tribale en Libye, en 1969, avec l’appui de celui qui sera le numéro deux de son régime, le commandant Jalloud, qui n’avait à l’époque que 25 ans.

Gérontocratie en Tunisie
Force est donc de constater que la Tunisie, qui se targue de son avance dans la région, est bel et bien en retard, au moins sur l’épineuse question de l’âge de ses gouvernants, comme de celui des responsables de son opposition. Or s’il y a bien un point qui fait l’unanimité auprès des Tunisiens de toutes obédiences politiques, c’est bien celui de la médiocrité mortifère de leurs supposés représentants.

Bullet Skan, l’un de ces jeunes cyberactivistes arrêté par les forces de la répression, l’un de ceux qui ont porté la Révolution Tunisienne, a résumé à sa manière la question : «La nécessité nationale exige que le prochain chef de gouvernement soit un jeune, ne dépassant pas les 35ans (…) un jeune qui sait que "IceCream Sandiwch" n'est pas un produit de Thélja ou de london dairy mais le namecode d'une version d'Android (…) Un jeune qui réalise l'importance des nouvelles technologies, un jeune qui a vécu en Tunisie et qui connait les problèmes majeurs du peuple et ne soit pas déconnecté de la réalité».

Un détail ? Bullet Skan n’avait que 16 ans au moment de son arrestation, en janvier 2011. Et c’est à 19 ans, qu’il affiche, aujourd’hui, trois ans après le déclenchement de le Révolution, ce constat désabusé sur la gérontocratie qui règne sans partage sur la Tunisie. Exception faite du court intermède du gouvernement Mohamed Ghannouchi qui avait placé Slim Amamou au poste de secrétaire d’Etat à la Jeunesse.

Or nos anciennes générations ne paraissent tout simplement pas intellectuellement outillées pour appréhender tous les changements décisifs qui ont façonné notre présent. Pis : la classe politique actuelle, n’a même pas été capable de prendre d’emblée la mesure de la révolte qui allait balayer la dictature en quelques semaines. Quelques mois plus tôt, Ghannouchi glosait sur les chaînes satellitaires sur ce qu’il considérait comme étant «l’aliénation et la mièvrerie de la jeunesse tunisienne». Du haut de ses 87 ans, Caid Essebsi continue de se conduire en autocrate dans son mouvement. C’est qu’il est difficile de perdre les habitudes acquises en côtoyant pendant des décennies le «Combattant Suprême», hissé au statut de Président à vie par les béni-oui-oui.

En définitive,  revendiquer l’abandon des ruines de nos totems décatis, n’est pas un caprice de jeunesse. Il s’agit d’une nécessité pour la régénération de la Tunisie. Et il en va désormais de sa survie.

Oualid Chine

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