Lundi, 13 Février 2012 21:40

wajdi-ghanim tunisieLes imams défroqués, les extrémistes de tous poils, les «qamisards» qui pendent haut et court leur foi au bout de leur fusil se bousculent désormais dans la Tunisie révolutionnaire et démocratique. Tariq Zommor, impliqué dans l’assassinat du défunt président égyptien Anouar Sadate a été parmi nous en décembre 2011. Et voici le tour de Wajdi Ghanim.

L'extrémisme est de nouveau mis en vedette. Il vient de remettre le couvert à la coupole, à El Menzah, le dimanche 12 février, pour le plus grand bonheur de plus de 10 000 spectateurs au bord de l’hystérie, comme en attestent les slogans racistes clamés à l’unisson. C’est que notre pays a mis les petits plats dans les grands pour recevoir comme il se doit un homme pour qui l’excision des femmes est une obligation religieuse, un «imam» qui criminalise le sport féminin. Le voici en tournée, puisqu’il compte prêcher la bonne parole dans d’autres villes de Tunisie.  

Certains argueront que toute association est libre d’accueillir qui elle veut. Ainsi on pourrait également inviter d’authentiques humanistes, pour contrebalancer l’effet pernicieux des élucubrations moyenâgeuses de certains. Sauf que le message de ces illuminés de l’obscurantisme est dévastateur, et bénéficie de l’effet démultiplicateur des chaînes satellitaires. La lutte est par trop inégale. La propagande est permanente, et distille, par petit écran interposé, ce venin auprès de masses fragilisées. Le message simplissime et théâtralisé à la manière des télévangélistes américains prônant le messianisme apocalyptique est clairement dangereux. Ces pseudo-conférences interviennent au pire moment, puisque la situation sécuritaire est encore loin d’être totalement stabilisée. Les opérations récentes du côté de Bir Ali Ben Khelifa le rappellent à ceux qui auraient fait mine de l’oublier. Voudrait-on de nouveau semer à tous vents de telles graines, au risque de récolter la tempête ?

La démocratie ne saurait tout permettre. La liberté d’expression ne saurait être instrumentalisée par ses plus farouches ennemis,  ceux-là même qui incitent au meurtre, qui crient à l’apostasie, pour peu que l’on puisse avoir une vision plus éclairée de l’Islam. La liberté d’expression ne saurait autoriser que l’on puisse diffuser impunément  à grande échelle, des messages de haine, des appels à la mutilation, des exhortations au retour aux siècles obscurs de la jahilya fusse-t-elle pharaonique.

L’Etat, aussi révolutionnaire soit-il, ne peut et ne doit tolérer que des intrus à notre société fassent de la propagande délibérée pour des idées complètement étrangères à nos traditions, à nos coutumes, et qui  agressent littéralement la majorité de nos concitoyens.

excision

La diffusion de Persepolis par Nessma TV a soulevé un tollé, à la veille des élections du 23 octobre 2011, pour ne pas avoir respecté les valeurs musulmanes de la société tunisienne. La chaîne a été accusée de manipulation en ouvrant des débats orientés, peignant le diable sur la muraille pour dissuader les Tunisiens de voter pour des partis que la chaîne considère comme des ennemis politiques. Mais voici que dans le cas d’espèce, nous nous retrouvons confrontés à la même problématique quoique inversée.

Les déclarations de Wajdi Ghanim sont un outrage aux Musulmans de Tunisie. Une injure à nos cheikhs qui ont battu le wahhabisme en brèche dès ses premiers balbutiements, pas encore portés par les pétrodollars.Un outrage à la pensée lumineuse de notre Zeitouna. Un affront à nos femmes, nos mères, nos sœurs, croyantes et respectueuses de nos valeurs traditionnelles et religieuses ancestrales. Les voici vilipendées, considérées comme des impies parce que non-concernées par la barbarie de cette coutume importée.

Jusqu’à quand l’Etat tunisien tolèrera-t-il ces dérives ? Jusqu’à quand offrirons-nous des tribunes populaires à des «invités» venus ouvertement nous insulter ?

Marwene El Gabsi

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