Mardi, 14 Février 2012 12:15

supporters-ennahdhaLe débat politique en Tunisie prend des allures de virages de stades. Slogans hurlés à la face de l’adversaire, agitation hystériques, et fâcheux débordements. Et puisque le gouvernement n’ose pas sortir le carton rouge, les tacles se font au vu et au su de tous les spectateurs qui en redemandent.

Les supporters d’Ennahdha ont apparemment pris le parti de défendre leur parti envers et contre tous. Quelle que soit la monstruosité qui sort parfois par la bouche de leurs plus éminents représentants. Le cas Sadok Chourou, et son mémorable dérapage tranchant du 23 janvier, a ainsi trouvé des défenseurs qui ne craignaient pas de viser les tibias des joueurs du camp adverse. Même l’arbitre, ce jour-là n’a pas daigné siffler. Or le vieillard a clairement gêné son propre camp, en dévoilant le visage hirsute et peu amène des arrières-droits salafistes. Pis : la nouvelle recrue égyptienne appelée à grand frais, s’est révélée, une vraie calamité, à la coupole de la cité sportive, en ce dimanche 12 février. Il n’y aura pourtant que l’arrière-ban des remplaçants rancuniers pour le critiquer.

Nationalistes arabes et destouriens se sont mis en tête de refuser le penalty au camp anti-Bachar. Choisissant de ne pas voir l’avant-centre sanguinolent qui se tord de douleur dans la surface de réparation. Pas de penalty. Et on hurlera même à la conspiration contre la Syrie, alors que le match retransmis en direct à la télé, vire à la boucherie. Mais les démocrates ont mangé du lion, et ce ne sont pas quelques balles arrêtées qui vont les stopper.

Les virevoltants ailiers gauches, les premiers feux follets de la Révolution, ceux qui ont dribblé la répression de Ben Ali, feinté la police politique, se retrouvent privés de leurs adversaires habituels, et de leur rugueuse défense centrale, au catenaccio cadenassé façon mafioso. Les fans du Parti Ouvrier ont beau agiter leurs drapeaux rouges, au fond, ils en regretteraient presque le bon vieux temps, quand ils pouvaient se permettre de jouer aux trublions. Car aujourd’hui, c’est contre leur propre camp qu’ils risquent de marquer, si les équipes étrangères en viennent à refuser de jouer sur nos terrains tunisiens. C’est dire que le match risque de s’interrompre pour non-paiement des salaires des joueurs locaux par leurs sponsors étrangers. Et alors, adieu veau d’or et vache sacrée, moutons bêlant et couvée…

Quelles que soient les positions et les oppositions, la démocratie ne fonctionne qu’avec un consensus minimal, autour d’idées centrales. Pas de match possible sans une règle du jeu commune. Défendre nos partis politiques comme on soutiendrait l’Etoile ou le Club Africain risque de porter tort à l’Espérance de vie démocratique en Tunisie. Ce ne serait pas rendre service à nos partis politiques que d’avaler toute honte bue leurs couleuvres de toutes les couleurs qu’elles tentent de nous faire accepter. Si, au pire, les matchs du championnat peuvent toujours se jouer à huis-clos, la fermeture des gradins pour dégradation du climat politique risque de renvoyer toute la Tunisie en deuxième division. Auquel cas, joueurs, supporters, équipes, et présidents, gagneront la liberté de se mordre les doigts, quand le titre de champion intercontinental de la Révolution mondiale, leur aura passé définitivement sous le nez.

Marwene El Gabsi

L’Espérance du POCT face au virage d’Ennahdha
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