Mercredi, 23 Mai 2012 23:53

revolution-tunisie«Pour nous, ce gouvernement a perdu sa légitimité, puisqu’il n’a pas répondu à la demande du peuple, et n’a pas concrétisé ses promesses électorales sur la base desquelles il a été élu». Cette déclaration incendiaire a été prononcée ce mercredi 23 mai, par Salem Ayari, membre de l’Union des diplômés chômeurs (UDC). Il appelle à la mobilisation, et à un sit-in, pour le jeudi 24 mai, à la Kasbah. Populisme ? Radicalité des désespérés ? Ou plutôt lucidité désenchantée ?

A la question qu’est-ce qui a changé, Hamma Hammami répond «presque rien, si ce n’est la liberté d’expression». Ainsi, selon le leader communiste, le règne oppressant du «ferme ta gueule» aurait ainsi cédé la place au non moins pernicieux «cause toujours». Quant au reste…

La justice transitionnelle a des ratés. Kais Ben Ali a été libéré. Son cousin, Sofiène Ben Ali l’a été aussi, avant que la justice ne se rende compte de sa bourde, et ne le ramène à la case prison. Il paraît qu’il a encore des procès en cours. Abdelwahab Abdallah, le symbole et premier responsable du verrouillage médiatique de Ben Ali a été jugé innocent dans l’affaire du financement du RCD. Pendant que ses disciples, et autres associés de Belhassen Trabelsi continuent d’occuper le haut du pavé. Mais c’est une radio publique que les manifestants et autres sympathisants Nahdhaouis, choisiront de viser.

La rupture avec l’obscur passé, l’une des promesses électorales les plus partagées par tout le spectre politique, semble avoir été oubliée. Le bon petit peuple, celui-là même qui est ignoré par les gouvernants qu’il a pourtant choisi et élu, évoque déjà les premiers indices de l’émergence de  la justice transactionnelle. Du donnant-donnant, en somme, un échange de bons procédés. Mais ce ne sont que rumeurs, bruits d’arrière-cours, chuchotements.

Investir en Tunisie, c’est spéculer. Les risques encourus dans une économie minée par l’inflation et la corruption, et dont le gouvernement peine à retenir correctement les cordons de la bourse sont grands. C’est l’agence de notation Santard and Poor’s qui l’a affirmé le mercredi 23 mai, alors que la polémique sur les salaires des représentants de la Nation vient tout juste d’éclater, à peine quelque jours après le scandale des députés tricheurs, votant pour leurs petits camarades, par procuration. Il faut bien couvrir solidairement les absents.

On apprendra en passant, que certains députés recevaient déjà des sommes à hauteur de 2500 dinars, à titre de dédommagement pour le logement. En plus de leur salaire de base, évidemment. Si on prêche l’austérité dans le désert de l’hémicycle, c’est pour les autres. Et après tout, charité bien ordonnée commence par soi-même. Cependant, on accueille les Qataris comme le Messie, quand ils font assaut de prodigalité en prenant en charge financièrement les blessés de la Révolution. Il n’y a pas de petites économies.

Abderraouf Ayadi, leader du nouveau parti formé par les dissidents du Congrès pour la République, répète à qui veut l’entendre, que «le problème de la Tunisie d’aujourd’hui est avant tout moral», puisque même nos valeurs sont en crise.  C’est que visiblement, la cote de l’éthique est en baisse. En d’autres termes, la conjoncture est propice à l’achat. Ce qui permettra aux barons du commerce parallèle de tout rafler. Et paradoxalement, les Tunisiens se parent des signes extérieurs de la religion, alors que les marchands du temple jettent les fondations de la nouvelle inquisition.

Oualid Chine

Ethique en toc dans la Tunisie de la Révolution
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