Lundi, 10 Septembre 2012 10:33

tunisiens-revesDimanche noir pour la Tunisie. Les autorités italiennes annoncent qu’une cinquantaine de nos fils sont morts en mer, en tentant de rejoindre les côtes d’outre-méditerranée. Une tragédie. Une gifle qui nous rappelle que la jeunesse tunisienne continue de fuir son propre pays.

Qu’elle est même prête à prendre tous les risques pour le quitter. Pour leur ultime voyage, ce ne sont pas les côtes italiennes que nos compatriotes auront atteintes. La veille, le samedi 8 septembre, on apprendra qu’une jeune fille a été violée par ceux-là mêmes qui sont censés garantir sa sécurité. Trois policiers sont accusés. Un cas isolé ? Le même jour, le maitre Abdelhaq Triki a annoncé le décès de son client Abderraouf Khammesi suite à la torture et dont il a été victime. Ses bourreaux sont à trouver parmi les membres de la police «judiciaire» de Sidi Hassine, précise l’avocat. Une surprise ? Même pas.

Lotfi Azouz, directeur de la section tunisienne de Human Rights Watch a affirmé, en ce même samedi funeste, que les tortionnaires sont encore actifs dans la Tunisie d’après la Révolution. Ironie du sort, leurs chefs actuels, ceux qui sont aujourd’hui au pouvoir, ont connu toute la panoplie de leurs sévices. Leur « savoir-faire» est même inscrit dans leur chair. Et en attendant les résultats de la théâtrale campagne «Ekbess», les mêmes pratiques mortifères continuent manifestement de sévir dans nos postes de police. La quasi concomitance de ces événements ne peut être complètement fortuite.

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Ces silhouettes fantomatiques sont celles de Tunisiens débarqués à Lampedusa en février 2011.

Le gaz lacrymogène asphyxie de nouveau nos régions, de Sidi Bouzid, à El Hancha pour étouffer les voix discordantes et les revendications. L’emploi reste un rêve hors d’atteinte, dans un contexte où même l’espoir parait dérisoire. Les symptômes du malaise politique et social se multiplient. L’ultime recours  à la roulette russe maritime se justifie. Pendant que certains préféreraient voir notre jeunesse reporter ses ambitions sur l’autre monde, pour une perspective d’outre-tombe. Et peu importe s’il faut, pour cela, emprunter le raccourci du front de la Syrie. Il paraît que l’espérance de vie de nos djihadistes sur le chemin de Damas est d’une semaine. D’autres échouent sur les plages italiennes.… A chacun son Paradis.

Ce n’est donc pas tout à fait par hasard, que nos voyageurs clandestins sont appelés «Harragas». Des torches incandescentes brûlées vives dans la mer. Sont-elles si différentes des flammes allumées par Mohamed Bouazizi à Sidi Bouzid, un certain 17 décembre ? Ne pouvons-nous pas enfin éteindre le feu du désespoir pour le reléguer aux archives de l’Histoire ?

Oualid Chine

Tunisie : Rêves brûlés de Sidi Bouzid à Lampedusa
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