Mardi, 24 Décembre 2013 16:35

Humeur. Le scandale : des affiches à l’effigie de Bourguiba, le Combattant Suprême ont été barbouillés dans un marché à Monastir. La news diffusée dans la matinée de ce mardi 24 décembre par Jawhara FM, a été reprise par la plupart des sites d’informations, qui n’ont pas lésiné sur les superlatifs pour souligner l’extrême gravité de l’outrage.

Parce qu’éclabousser le poster du leader de la Nation est assurément un crime aussi impardonnable, que condamnable. Reste à trouver l’article de loi ad hoc, susceptible d’être appliqué, assorti d’une peine assez lourde pour dissuader à l’avenir ceux qui se hasarderaient à violer la mémoire collective. Quant au probable coupable, il est déjà tout trouvé.

Certains ont derechef pointé du doigt les islamistes. Comme si ces derniers ne pouvaient qu’être les seuls, en Tunisie, à trouver à redire sur le règne sans partage du «Père de la Nation». Parce qu’évidemment, tous les Tunisiens, à moins qu’ils ne soient islamistes, se doivent de vouer un culte à Habib Bourguiba.

Qu’on se le dise : le vieillard désigné à l’unanimité président à vie, avant de s’exposer au téléjournal en train de faire trempette sur la plage de Skanès-Monastir, ne devait susciter qu’une éperdue admiration, une vénération religieuse. La preuve : c’est le seul homme de pouvoir, en Tunisie, à avoir jamais inspiré des chants quasiment liturgiques, scandés avec forces louanges scandées au rythme du bendir, dans des simulacres de soulamia à son ineffable gloire.

Qu’on se le dise : les fils des 70 morts (chiffre officiel), tués lors des émeutes de la faim, entre le 27 décembre 1983 et le 6 janvier 1984, pour contester le prix doublé du pain, ont déjà tout pardonné. Les descendants des gauchistes torturés dans les caves du ministère de l’Intérieur ou à Borj Erroumi, ont nécessairement absous le tortionnaire de leur père, puisqu’il a libéré la femme, et créé (ex nihilo) la Tunisie Moderne à partir d’une poussière d’individus.

Décidément, les Tunisiens ne respectent plus rien, même pas les symboles proclamés de leur Nation.  D’ailleurs Marzouki, l’occupant actuel du palais de Carthage, en sait quelque chose, lui, qui est tourné tous les jours que Dieu fait, en dérision. Alors que de l’autre côté de la barrière, des journaux de caniveaux exposent Caid Essebsi, le leader de la principale formation de l’opposition, dans des postures qui puisent leur inspiration dans la plus absolue des abjections.

Seulement voilà : dans la Tunisie de 2013, nul n’est au dessus de la caricature et des éclaboussures. Pour ceux qui l’auraient oublié : les Tunisiens ont payé le prix du sang pour leur liberté d’expression, le seul véritable acquis de la Révolution. Et on voudrait que l’on se pâme pour un portrait de Bourguiba taché dans un marché ?

Moez El Kahlaoui

Crime de lèse-majesté à Monastir
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