Mercredi, 29 Janvier 2014 18:58

La polémique suscitée par la nomination d'Amel Karboul, la nouvelle ministre du Tourisme, jugée coupable de s’être rendue en Israël, risque d’en éclabousser plus d’un. Et Meherzia Laâbidi, la vice-présidente de l’Assemblée Nationale Constituante, pourrait ne pas passer entre les gouttes. Vous avez dit normalisation ?

«Abraham, réveille-toi, ils sont devenus fous !», (éditions de L’Atelier, 2004), le livre coécrit par Mme Laâbidi et Laurent Klein, a eu les honneurs du Conseil Représentatif des Institutions juives de France, une organisation réputée pour sa défense sourcilleuse du sionisme. Le CRIF lui a même consacré, pour l’occasion, un article élogieux (voir ici) publié sur son site officiel. Et à voir le contenu du bouquin en question, on comprend mieux pourquoi.

Les deux principaux personnages de ce livre didactique, qui veut mettre en avant les vertus de la tolérance et de la modération, se penchera sur la question du sionisme, lui trouvant même un certain «romantisme». En voici un extrait, lu en page 126 :

«-Les mouvements nationalistes européens, qui ont donné naissance aux Etats nations modernes, sont issus de la Révolution française et du romantisme, me répond Aziza. Le sionisme est un mouvement politique du même type.
-Tout comme le panarabisme, poursuit Raphaël».

Et il ne s’agit pas d’un cas isolé, noyé dans les pages d’une œuvre unique. Un autre ouvrage intitulé «Les religions, modes de vie, modes d’emploi», (éditions de L’Atelier, 2011), cosigné par le duo Meherzia Laâbidi-Laurent Klein, en compagnie, cette fois-ci,  de Joseph Boyer, Patrick Colle, et de Joseph Herveau, recèlera le même type de surprises.

Ainsi, en page 218, ce livre proposera cette définition du terme sioniste : «nom de celui qui appartient au mouvement juif de libération nationale créé en Europe à la fin du XIXe siècle». Les auteurs de l’ouvrage considèrent donc le sionisme comme étant «un mouvement juif de libération nationale».

Une définition qui passe sous silence le côté délibérément raciste des tenants de cette idéologie, un aspect pourtant reconnu depuis 1974 par la résolution 3379 de l'Assemblée générale des Nations unies, décrétant que « le sionisme est une forme de racisme et de discrimination raciale».

Certes, les deux livres évoqués sont des ouvrages collectifs, dans lesquels des individus peuvent exprimer des sensibilités différentes. Mais cosigner des livres en commun peut supposer une certaine connivence entre des auteurs, censés assumer collectivement la responsabilité de leurs écrits. De quoi voir d’un autre œil les chaleureuses embrassades entre l’ex-chef du gouvernement Hamadi Jebali et le sénateur américain John McCain, connu pour ses accointances sionistes.

Certes, la résolution de l’ONU condamnant le sionisme a fini par être révoquée, le 16 décembre 1991, sous la pression d’Israël, et des Etats-Unis. Sauf qu’à défaut d’invoquer les liens historiques et les traditionnels sentiments arabo-islamiques, on est en droit d’espérer, de la part des Tunisiens, un peuple colonisé dans un passé pas si lointain, plus de solidarité à l’égard des Palestiniens.

Voici ce qu’en dit le défunt Georges Adda, un résistant révolutionnaire de la première heure, un combattant de l’Indépendance Tunisienne :

«Nous, les non-Palestiniens devons leur apporter exclusivement, et sans relâche, notre encouragement, notre assistance, notre aide, notre appui et notre solidarité qui sont et resteront entiers. Nous, les non-Palestiniens, nous devons nous opposer de toutes nos forces à toute normalisation de nos relations avec l’Etat sioniste».

Moez El Kahlaoui

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