Lundi, 05 Janvier 2015 21:17

Prenez au hasard n’importe quel arrière droit de l’Etoile Sportive du Sahel, il se révélera plus efficace, au poste de chef du gouvernement qu’un médecin de Kébili, un juriste de Sfax, ou un ingénieur du Kef. La compétence de nos gouvernants est inversement proportionnelle à la distance qui sépare leur lieu de naissance de Sousse.

C’est un fait indiscutable, attesté par l’histoire de la Tunisie, et reflété par l’actualité.

En ce lundi 5 janvier, c’est en effet Habib Essid, digne fils de la Perle du Sahel, qui met fin au «suspense» en accédant au poste de chef de gouvernement, succédant ainsi à Mehdi Jomâa, originaire de la voisine Mahdia. Et c’est ce même jour historique, qu’a choisi Hamadi Jebali pour s’exclamer dans une interview publiée par le journal Attounissia:  «N’oubliez pas que je suis de Sousse, cette ville où naissent les gouvernants».

Or l’ancien secrétaire général d’Ennahdha, ne s’exprime pas à la légère. Et les Tunisiens ne risquent pas d’oublier cette réalité première. Sur les quinze premiers ministres qui se succéderont à la tête du gouvernement tunisien, onze sont originaires du triangle Sousse, Monastir, Mahdia. Trois entités  qui ne formaient, jusqu’au 5 juin 1974, qu’un seul et unique gouvernorat : celui de Sousse (voir ici).

La tendance est encore plus flagrante quand on évalue le temps que les chefs de gouvernements ont passé dans leur fauteuil ministériel. Ainsi, durant les 59 ans d’histoire de la Tunisie Indépendante, des sahéliens règneront sur la Kasbah pendant 57 ans. Caid Essebsi (Tunisois bon teint)et Ali Laâridh (né à Médenine, dans le sud), auront été chargés de l’intérim durant les deux ans restants.

Au final, le Sahel dont les trois gouvernorats hébergent 1, 37 millions d’habitants, soit 13,9 % de la population tunisienne totale (chiffres de l'Institut national de la statistique de 2004), gouvernera  96,6% du temps. A croire que la compétence ministérielle est héréditaire.

En Inde, le système des castes perdure depuis des siècles. Ainsi, est-on de naissance prêtre, guerrier, ou serviteur. On est tout de même plus souple en Tunisie, où tous les citoyens peuvent (théoriquement) briguer tous les postes. A l’exception notable de celui du chef de gouvernement, devenue presque une spécialité régionale comme une autre. Et ne crions surtout pas au régionalisme. Ne semons pas les graines de la division. Après tout, que peut-on y faire si dans d’autres coins du pays on préfère l’exquise modestie d’elmtabga, aux ors de la Kasbah ?

Moez E.K

Tunisie : La bonne étoile du chef du gouvernement
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