Vendredi, 10 Juillet 2015 21:09

Tribune. Quand la vision stratégique manque au pays des momies. Quand Bourguiba renait déphasé par la modernité des conflits géopolitiques. Quand le pouvoir devient une fin en soi, il ne faut pas s'étonner du décalage abyssal entre gouvernants et gouvernés. Par Abdel Jaoued Bouslimi

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 Eriger un  mur de séparation pour  lutter contre le terrorisme signifie un déficit profond dans la prise de décision libre de l'Etat tunisien. L'Allemagne a abandonné son mur depuis 1989 et nous voici revenir aux années noires de la guerre de 1945. C'est une honte d'isoler deux peuples frères censés partager  une unité Maghrébine devenue maintenant obsolète. La symbolique du mur en dit long sur l'état d'esprit de celui qui l'érige: refus de dialogue, absence  de prospectives, incapacité de gestion des crises... Le mur  est certainement la solution du pire. Ce choix précipité reflète la confusion qui règne à la tête de l'Etat et l'écart avec son peuple affaibli, il est vrai par cinq ans de gouvernances provisoires. Le pire c'est que ça continue avec des "élus" bien installés dans leurs confortables fauteuils.

Le gouvernement et le peuple sont aujourd'hui dans l'incapacité  psychologique de dialoguer, de poser les vrais problèmes du pays. Ce manque de confiance semble hélas consommé à jamais, d'où les prises de décisions hâtives et sans concertation aucune. Ce mur,  nous ramène malheureusement au point zéro celui des objectifs de la Révolution: dignité, justice, travail.

Quand la vision stratégique manque au pays des momies. Quand Bourguiba renait déphasé par la modernité des conflits géopolitiques. Quand le pouvoir devient une fin en soi, il ne faut pas s'étonner du décalage abyssal entre gouvernants et gouvernés. La Tunisie vit aujourd'hui une grave dissonance cognitive. Des prises de décisions suicidaires qui mettent en lumière l'impossibilité de réformer le pays malgré ses prétendues compétences multiples et variées. Gouverner au jour le jour sans objectif ni stratégie concertés, nous mène directement dans le mur qu'on est entrain d'ériger sur nos frontières. Ce mur est symbolique d'un manque sidérant de vision réaliste des relations séculaires avec notre entourage proche. Qu'en est-il alors de notre vision géopolitique au delà de nos frontières?

Le terrorisme n'est pas une fatalité, les pays amis n'ont pas à nous remplacer dans cette lutte fratricide, c'est au peuple d'affronter cette nouvelle guerre. Faut-il encore que les gouvernants soient en mesure de mobiliser ce peuple, au lieu de l'accuser d'être à l'origine de ce fantôme "Obbitha" des temps modernes. Si les gouvernants ne voient pas le boomerang décapitant derrière ce mur qui risque de balayer tous ses efforts diffus, il faudrait qu'il passe la main et pour nous épargner l’enfer collectif dont Dieu seul connait les conséquences.  

La Tunisie droit dans le mur
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